Saturday, March 10, 2007

Chant I du Paradis


Prologue du Paradis.
L'amour c'est donner et non recevoir.




La gloria di colui che tutto move
per l'universo penetra, e risplende
in una parte più e meno altrove.

Nel ciel che più de la sua luce prende
fu' io, e vidi cose che ridire
né sa né può chi di là sù discende;

perché appressando sé al suo disire,
nostro intelletto si profonda tanto,
che dietro la memoria non può ire.

Veramente quant'io del regno santo
ne la mia mente potei far tesoro,
sarà ora materia del mio canto.

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Chan I du Purgatoire


Le vieillard, gardien du Purgatoire.
Je suis venu par la volonté d'une Dame du Ciel.




Per correr miglior acque alza le vele
omai la navicella del mio ingegno,
che lascia dietro a sé mar sì crudele;

e canterò di quel secondo regno
dove l'umano spirito si purga
e di salire al ciel diventa degno.

Ma qui la morta poesì resurga,
o sante Muse, poi che vostro sono;
e qui Caliopè alquanto surga,

seguitando il mio canto con quel suono
di cui le Piche misere sentiro
lo colpo tal, che disperar perdono.

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Mon esprit laisse derrière lui cette mer cruelle pour voguer sur des flots meilleurs.

"Ô Muses sacrées! Je chanterai cet autre royaume où, pour monter au Ciel,
l'âme humaine doit d'abord se purifier."

Dès que je fus sorti de l'atmosphère de mort qui avait voilé ma vue et attristé mon coeur,
une douce musique, venue d'Orient, rendit la joie à tous mes sens.
Venus, la belle qui invite à l'Amour, brillait d'éclat de tous ses charmes.
Je me tournai sur ma droite et je fixai l'autre pôle. Là, je vis des étoiles, semblables
aux quatre vertus cardinales, s'animer de toutes leurs flammes aux quatre coins du ciel.

En me retournant, je vis un vieillard solitaire, qui m'inspirait le respect tel un père,
et qui parlait ainsi:
"Qui êtes-vous, qui revenez des ténèbres, et comment avez-vous fui la prison éternelle?
Qui vous a guidé et servi de lanterne, pour sortir de cette profonde nuit qui obscurcit à jamais
la vallée infernale? Les lois de l'abîme ont-elles été violées ou, y existe-t-il de nouvelles lois
qui vous permettent de venir dans mes terres?"

Mon guide, plein de respect et d'humilité, lui répondit:
"Je ne suis pas venu par ma volonté,
mais délégué par une Dame du Ciel pour secourir celui que tu vois, qui n'a pas encore quitté
son enveloppe charnelle, et il n'était d'autre route pour y venir. Je lui ai montré l'endroit
où vivent les pervers, et je voudrais qu'il voit ces esprits qui se purifient sous ton autorité.
Il recherche la liberté qui a un prix tel qu'il renoncerait à la vie pour elle.

Nous ne violons point les secrets éternels; celui-ci est bel et bien vivant et je te demande
de lui permettre de traverser les sept royaumes.
Je te serais reconnaissant si tu acceptes que, là-bas, je fasse pour cela l'éloge de ton nom."

Et le vieillard dit:
"Si, comme tu le dis, une dame du Ciel t'ouvre la voie, vas donc et fais que ton compagnon
soit digne de se présenter devant le Premier ministre du Ciel, lave-lui le visage de ses souillures."

Et c'est ce que mon Maître fit après que nous eûmes atteint ce lieu où la rosée résiste au Soleil.

Mon maître étendit ses mains en avant et je lui tendis mes joues encore inondées de larmes;
il fit alors revenir la rougeur sur mon visage que l'Enfer avait effacé.

Puis nous vînmes sur le rivage désert qui jamais
n'a vu sur ses eaux quiconque rebrousser chemin.

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chant XXXIII du Paradis


L'Orgasme de Dieu.
Ce qui féconde et engendre la Conscience Universelle.




«Vergine Madre, figlia del tuo figlio,
umile e alta più che creatura,
termine fisso d'etterno consiglio,

tu se' colei che l'umana natura
nobilitasti sì, che 'l suo fattore
non disdegnò di farsi sua fattura.

Nel ventre tuo si raccese l'amore,
per lo cui caldo ne l'etterna pace
così è germinato questo fiore.

Qui se' a noi meridiana face
di caritate, e giuso, intra ' mortali,
se' di speranza fontana vivace.

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"Vierge-Marie, fille de Ton Fils,
Aimante et séduisante, plus que toute créature
Prédestinée par un décret du Ciel,
Tu es Celle qui a tant ennobli l'Amour humain
Que le Créateur n'a pas daigné devenir ta créature.

Dans Ton sein s'est allumé l'amour dont la chaleur
A fait ainsi germer cette fleur, dans la Joie éternelle.
Tu es ici, pour nous, un flambeau
Éblouissant de chasteté,
Et, sur terre, parmi les mortels,
Tu es une source vive de désirs charnels.

Dame, Tu es si belle et si attirante que, qui veut la grâce,
Et, à Toi, Ne recours point, veut que ses désirs voguent sans ailes.
Ta bienveillance ne vient pas seulement en aide, à qui la demande,
Mais bien souvent elle devance spontanément la prière.

En Toi la volupté, en Toi la coquetterie, en Toi la sensualité;
En Toi se réunit tout ce qu'il y a de sexualité dans la créature!
Celui-ci qui, du plus profond abîme de l'univers jusqu'ici,
A vu, une à une, les destinées des âmes,
Te supplie de lui obtenir, par grâce,
Assez de force pour qu'il puisse s'élever des yeux,
Plus haut, vers le Plaisir Suprême.

Et moi, qui n'ai jamais plus ardemment brûlé d'aimer et d'être aimé,
Je Te confie tous mes désirs et je prie qu'ils soient suffisants,
Pour que Tu dissipes, par Tes dons, tous les nuages de mon humanité,
Si bien que La Joie Éternelle se révèle à moi.

Et je Te prie encore, Reine qui peut ce que Tu veux,
De conserver purs mes désirs après une telle incursion.
Que Ta protection triomphe des passions humaines!
Vois Jeanne et tant de Bienheureux
Qui joignent les mains pour supporter mes désirs."

Les yeux vénérés de Dieu, fixés sur celui qui priait ainsi, nous montrèrent combien
les prières pieuses lui sont agréables. Puis ils se reportèrent sur le Gouffre éternel,
où nous ne devons pas croire qu'une autre créature puisse, un jour, pénétrer
d'un désir aussi charnel. Et moi, qui approchais du terme de tous mes désirs, je sentis,
comme je le devais, l'ardeur de mon désir atteindre son comble.

Jeanne souriait et me faisait signe de regarder en avant; mais, par ma propre volonté,
j'étais tel qu'elle le voulait, car mon désir, en devenant pur, pénétrait de plus en plus
dans les méandres du Méat Éternel qui par son essence, est la Liberté Charnelle.

À partir de ce moment, ce que je fis dépasse l'entendement, qui succombe
devant un tel itinéraire, comme la mémoire succombe devant un tel excès.

Tel est celui qui voit quelque chose en rêve, et chez qui, au réveil, ne retient plus
que le souvenir de son émotion, alors que rien ne s'offre à son esprit de ce qu'il a vu.
Tel je suis, car presque toute ma vision s'est évanouie, et je sens encore couler lentement,
dans mon coeur, la douceur qu'elle y a fait naître; c'est ainsi que la neige se liquéfie au soleil,
que les promesses des oracles se perdent au gré du vent, comme des feuilles d'automne.

Ô Lumière suprême, qui va si loin au-delà des pensées humaines!
Rends à ma mémoire un reflet de ma vision, et rends mon langage assez fort,
pour qu'il puisse décrire un soupçon de ta gloire aux hommes
qui osent pénétrer dans le Troisième Millénaire.

Et, il me souvient que, j'eus plus de hardiesse à avancer, si bien que
mes désirs me rapprochaient de la Vulve Divine.

Ô abondance de grâce!
Qui me donna la vigueur de foncer et de bousculer les autres âmes qui avançaient
comme moi, en hâte, vers la Lumière éternelle, tant que j'y épuisai toutes mes forces.
Mais, poussé par les autres âmes et ma foi en Jeanne, je franchis
la Corona Radiata, alors que mes désirs étaient devenus purs, je m'engouffrai
avec peine dans la profondeur de l'Ovule expulsé ainsi de l'Ovaire Divin.

Je vis alors que se trouvait relié par l'Amour, tout ce que l'Univers tient épars,
la substance et l'accident des choses, ainsi que la propriété des choses,
rassemblés tel que ce que j'en dis, n'est qu'un soupçon de la réalité.

Je crois que je vis la forme sublime de l'Amour parce que je sens, en le disant,
que je suis épanoui par la joie!
Un seul de ces moments me donne plus de frissons, que Cent années à parcourir le monde,
à polléniser Fleur après fleur sans jamais en conserver l'amour.

Ainsi, mon esprit suspendu regardait fixement, pendant que mes membres s'agitaient et
s'enflammaient toujours plus, de l'ardeur de contempler la lumière
qui émanait du Globe Suprême.

On devient tel, à cette Lumière, qu'il est impossible que l'on ne consente jamais
à se détourner d'elle pour un autre objectif, parce que le Bien qui est
l'objet du désir, se rassemble tout en Elle et ce qui, là,
voit ses désirs satisfaits, hors d'elle, se trouve incomplet.

Mes paroles sont impuissantes à redire le peu dont je me souviens,
comme celles d'un enfant dont la langue suce encore et toujours la mamelle.

À mesure que j'approchais de l'épicentre, je me transformais moi-même
dans la profonde et claire substance de l'Ovule Divin.
D'autres formes m'apparurent, aux couleurs et aux dimensions variables,
émanant d'une symbiose cosmique entre
la matière du globe lumineux et ma propre substance.

Oh! combien le langage est faible et insuffisant pour exprimer ma pensée!
Et ma pensée est telle, comparée à ce que je vis et sentis,
que j'ai peur de ne pouvoir le décrire.

Ô Lumière éternelle! Qui seule réside en toi, qui seule te comprend, et qui,
comprise par toi et te comprenant, t'aime et te sourit!

Ce Magma qui m'envahissait se reflétait en moi comme une Image réfléchie,
lorsque mes yeux l'eurent un peu contemplé, me parut porter en lui ma propre image,
reflétant sa couleur et sa substance, aussi ma vue était-elle toute plongée en lui.

Je voulais comprendre et saisir comment ma propre image s'unissait et trouvait sa place
dans le Magma Lumineux, mais j'étais impuissant à en trouver le principe
de mes propres ailes, je n'y aurais pu si mon esprit n'avait été frappé
d'un soudain éclair, dans lequel m'apparut l'objet de mon Désir.

Je n'étais déjà plus moi-même, mais un autre, qui aurait combiné l'essence
de moi-même, et celui d'un autre, pour former un être nouveau, lancé à ce moment même
dans l'existence, comme par un plongeon dans l'eau, si le Malin n'allait pas être là,
remplaçant ma Mère au sortir du placenta de ma naissance.
Ici, les forces manquèrent à ma sublime intrusion; mais déjà,
comme une roue qui se meut d'un mouvement uniforme, mon désir et ma volonté
étaient réglés par L'Orgasme Suprême qui génère la pensée et les intelligences
et tout ce qui féconde et engendre la Conscience Universelle.
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Thursday, March 08, 2007

Chant IX de l'Enfer


Chant IX de l'Enfer


La belle messagère du Ciel et les trois Furies.
Le Temps de Méduse.



Quel color che viltà di fuor mi pinse
veggendo il duca mio tornare in volta,
più tosto dentro il suo novo ristrinse.

Attento si fermò com'uom ch'ascolta;
ché l'occhio nol potea menare a lunga
per l'aere nero e per la nebbia folta.

«Pur a noi converrà vincer la punga»,
cominciò el, «se non... Tal ne s'offerse.
Oh quanto tarda a me ch'altri qui giunga!».

I' vidi ben sì com'ei ricoperse
lo cominciar con l'altro che poi venne,
che fur parole a le prime diverse;

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Mon visage prit la couleur de la gêne, lorsque je vis mon maître revenir,
voyant qu'il dissimulait sa honte.

Il s'arrêta et parut écouter car il ne pouvait rien voir dans l'épais brouillard.
"Il nous faudra bien gagner cette bataille ou quelqu'un d'autre
que la douce Jeanne viendra-t-il à notre aide?"

"Tout au fond de cette vallée lugubre, quelqu'un descendit-il jamais
du premier cercle, qui n'eût d'autre châtiment que d'avoir perdu tout espoir?"

Je posai cette question à Baudelaire qui me répondit:
"Il est très rare que quelqu'un d'entre nous fasse le chemin où je m'engage.
Il est vrai que j'y ai déjà été une autre fois, conjuré par la trahison de Sappho
qui rappelait les ombres dans leur corps. Ma chair n'était que depuis peu
dépouillée de moi-même, quand elle me fit pénétrer derrière ces murailles
pour en arracher une âme du cercle de la Giudecca. C'est le lieu le plus bas
et le plus obscur, le plus éloigné de ce ciel qui enferme toutes choses; je connais bien
la route, rassure-toi donc; ce marais, qui exhale ici sa puanteur, fait le tour complet
de la cité dolente où nous ne pouvons plus désormais entrer sans violence."

Je n'entendis pas le reste de ses paroles étant distrait par ce que je vis en haut
du Cap Diamant au sommet flamboyant, où tout d'un coup se dressèrent,
encerclant l'ombre de l'animal, trois Furies infernales teintées de la couleur du sang.
Elles avaient la forme, les membres et les gestes de femmes; elles avaient pour ceinture
des hydres d'un vert très vif, pour cheveux, de petits serpents et des cérastes
qui descendaient sur leurs fronts farouches.

En les voyant mon maître me dit:
"Regarde les féroces Érinnyes: voilà Mégère du côté gauche;
celle qui pleure à droite est Alecto; Tisiphone est au milieu."

Toutes et chacune entre-elles, se mordaient le sein, se déchiraient la chair
de leurs ongles acérés, se frappaient et s'embrassaient puis s'ouvraient mutuellement
le vagin qu'elles suçaient comme des friandises, elles s'empalaient mutuellement
avec leurs poings fermés et se flagellaient en gémissant de sorte que
j'eus peur et que je me serrai contre le poète.

"Vienne le temps de Méduse!
Et alors nous pétrifierons l'homme, ce prédateur; nous le jugerons, nous l'émasculerons,
nous le transformerons en zombie, pour qu'il ne jette plus de regards lubriques
sur nos corps dénudés, qu'ils soient beaux, qu'ils soient laids, qu'ils soient de femme
ou de transmutations de femme, qu'importe, pourvu qu'il n'y ait plus d'amour."

"Éloigne-toi, retourne-toi et garde les yeux fermés, change de trottoir et évite
de regarder la Gorgone, de t'approcher d'elle, de louer sa beauté, de lui baiser
la main et d'être un gentilhomme; oublie les fonctions de ta nature et la sienne,
car tu n'aurais aucun moyen de retourner là-haut, et seul Dieu
connaît la peine de ceux qui, sans vraiment savoir et vouloir ce qu'ils font,
font du harcèlement sexuel leur nourriture quotidienne."

Mon maître me prévenait ainsi et il me semblait surexcité flairant la présence de diables,
de juges, de manipulateurs d'opinion et de féministes ou d'autres adeptes
de la rectitude sociale qui, m'avait-il dit, faisaient office de dénonciateurs
dans ces lieux de la justice vengeresse.

Ô lecteurs, vous qui avez l'esprit sain, sachez reconnaître
le sens caché de ces vers pleins de mystères.

Au loin venait sur les eaux troubles, le fracas d'un bruit léger
qui faisait doucement trembler le sol, semblable au passage du vent
qui se faufile entre les arbres en défiant tous les obstacles.

Baudelaire me découvrit les yeux et me dit:
"Dirige maintenant la vigueur de ton regard
sur ces antiques flots écumants, là où la vapeur est la plus âcre."

Ainsi, je vis plus de mille âmes épouvantées fuir devant quelqu'un
qui glissait à grande vitesse, passait le Styx à pied sec
et qui semblait effleurer le sol plus que ne le touchait.

Je m'aperçus bien que c'était une messagère du ciel et qu'elle glissait au-dessus du sol,
sans les attributs des anges. Ses pieds seuls portaient aux talonnières, des ailes
comme Mercure le messager des dieux ou plutôt d'étranges chaussures sur patins
à roues alignées qui la rendaient aussi fluide et légère qu'un ange.

Elle portait une fine mousseline qui lui collait à la peau
et qui moulait son corps parfaitement gracieux, sous la pression de l'air,
de sorte qu'on voyait ses petits tétons encore juvéniles, son plexus solaire
et l'ombre secrète de sa vulve; elle portait des genouillères d'un blanc pur;
on aurait cru qu'elle était nue,
et, dans sa jeune insouciance, elle invitait à l'amour.

Je me tournai ébahis vers mon maître; il me fit signe de me taire et de m'incliner devant elle.

Ah! comme elle me paraissait désirable lorsqu'elle passa près de nous tel un éclair,
elle ballottait ses bras et faisait d'amples mouvements circulaires de gauche à droite
avec une faible flexion du corps qui faisait ressortir ses fesses, accélérant ainsi
son mouvement sur les pavés qui gémissaient sous la souffrance ou le désir.

Elle s'approcha tout près, elle s'arrêta devant la Gorgone et ses irascibles maîtresses;
elle s'appuya immobile sur une seule jambe faisant onduler légèrement la hanche,
elle les fit fuir sans faire autre chose que leur faire voir son beau corps de nymphette.
Mais moi, je ne fuyais pas, je regardais ses fesses qui se moulaient par la succion
de sa robe de mousseline transparente, et je pensai à la Beauté, au Désir,
à l'Amour, ce pourquoi je croyais encore en Dieu.

Puis elle vint à la porte Dauphine, elle l'ouvrit d'un coup de sa baguette magique
sans rencontrer aucune résistance, et je me dis que c'était là un vrai conte de fée.

Elle s'en retourna par la route fangeuse sans nous adresser la parole, mais elle avait
l'air d'une adolescente que d'autres désirs pressent et mordent, que ceux qui s'offraient
actuellement à elle; et nous nous mîmes en marche vers la cité, rassurés par ce geste sacré,
mais mon âme était triste de ne plus avoir le souffle qu'il faut pour la suivre.

Nous y entrâmes sans avoir à se battre; et moi, qui avais le grand désir de voir
le sort de ceux qu'enferme pareille citadelle, dès que j'y fus entré,
je jetai les yeux autour de moi; et je vis de toutes parts une vaste plaine,
tel un champ de bataille, rempli de pleurs et de tourments cruels;
on aurait dit un cimetière dont les tombeaux essaimaient silencieux sur le sol,
à cela près qu'ils étaient plus cruels, car, entre les tombes,
des flammes éparses les embrasaient de feux violents.

Tous les couvercles étaient levés, et il en sortait des lamentations
si violentes qu'on sentait bien qu'elles venaient de malheureux offensés.

Je dis:
"Maître, qui sont ces gens ensevelis dans ces sépulcres,
qui poussent des soupirs si douloureux?"

Et il répondit:
"Ici sont les nouveaux clercs de toutes sectes, avec leurs disciples qui remplissent
les tombes, ils sont parqués ainsi selon la Vertu qu'ils défendent.
Ce sont les sectes anti-tabac, anti-parfum, anti-fourrure, anti-cholestérol, anti-armes-à-feu,
anti-ONG, anti-tout, anti-n'importe-quoi, mais dont la finalité est l'établissement
de la Dictature du Bien et le contrôle absolu sur la conscience collective;
méfie-toi de ces Intégristes qui un jour légifèrent l'usage du tabac et qui demain
t'interdiront de rêver, comme si cela devait porter atteinte aux moeurs collectives.

Ils souffrent d'autant qu'ils ont usé de sédition et de démagogie à imposer leur vérité
sur les ruines des anciennes Vérités, avec des moyens aussi peu glorieux
que ceux des anciens clercs, mais aussi efficaces à manipuler les foules
et à imposer leur foi au Législateur."

Et après qu'il eut tourné sur la droite, nous passâmes entre ces tombes de suppliciés
s'éloignant des plaines d'Abraham; puis par la Grande-Allée et en longeant la Muraille,
nous atteignîmes la Garnison ainsi que la Citadelle où logent et s'entraînent
les policiers démons, chargés de veiller à préserver la bonne conscience de l'Enfer.
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Chant XII de l'Enfer


L'Enfer des tyrans.
Le Royaume des Centaures.




Era lo loco ov'a scender la riva
venimmo, alpestro e, per quel che v'er'anco,
tal, ch'ogne vista ne sarebbe schiva.

Qual è quella ruina che nel fianco
di qua da Trento l'Adice percosse,
o per tremoto o per sostegno manco,

che da cima del monte, onde si mosse,
al piano è sì la roccia discoscesa,
ch'alcuna via darebbe a chi sù fosse:

cotal di quel burrato era la scesa;
e 'n su la punta de la rotta lacca
l'infamia di Creti era distesa
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Chant XI de l'Enfer


L'ordonnance morale de l'Enfer.
Le centre de l'Univers, ce sur quoi est fondé Dité.




In su l'estremità d'un'alta ripa
che facevan gran pietre rotte in cerchio
venimmo sopra più crudele stipa;

e quivi, per l'orribile soperchio
del puzzo che 'l profondo abisso gitta,
ci raccostammo, in dietro, ad un coperchio

d'un grand'avello, ov'io vidi una scritta
che dicea: "Anastasio papa guardo,
lo qual trasse Fotin de la via dritta".

«Lo nostro scender conviene esser tardo,
sì che s'ausi un poco in prima il senso
al tristo fiato; e poi no i fia riguard
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Wednesday, March 07, 2007

Chant VIII de l'Enfer


Phlégias et La Cité qui a nom Dité.
Qui donc m'interdit l'accès des dolentes demeures?




Io dico, seguitando, ch'assai prima
che noi fossimo al piè de l'alta torre,
li occhi nostri n'andar suso a la cima

per due fiammette che i vedemmo porre
e un'altra da lungi render cenno
tanto ch'a pena il potea l'occhio tòrre.

E io mi volsi al mar di tutto 'l senno;
dissi: «Questo che dice? e che risponde
quell'altro foco? e chi son quei che 'l fenno?».

Ed elli a me: «Su per le sucide onde
già scorgere puoi quello che s'aspetta,
se 'l fummo del pantan nol ti nasconde».

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Chant VII de l'Enfer



L'Enfer des nouveaux clercs.
Pluton le Dieu des Enfers.


«Pape Satàn, pape Satàn aleppe!»,
cominciò Pluto con la voce chioccia;
e quel savio gentil, che tutto seppe,

disse per confortarmi: «Non ti noccia
la tua paura; ché, poder ch'elli abbia,
non ci torrà lo scender questa roccia».

Poi si rivolse a quella 'nfiata labbia,
e disse: «Taci, maladetto lupo!
consuma dentro te con la tua rabbia.

Non è sanza cagion l'andare al cupo:
vuolsi ne l'alto, là dove Michele
fé la vendetta del superbo strupo».
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Chant VI de l'Enfer



Les syndiqués et le monstre Memphré.
Là où Pluton enleva Proserpine et la déflora.


Al tornar de la mente, che si chiuse
dinanzi a la pietà d'i due cognati,
che di trestizia tutto mi confuse,
novi tormenti e novi tormentati
mi veggio intorno, come ch'io mi mova
e ch'io mi volga, e come che io guati.
Io sono al terzo cerchio, de la piova
etterna, maladetta, fredda e greve;
regola e qualità mai non l'è nova.
Grandine grossa, acqua tinta e neve
per l'aere tenebroso si riversa;
pute la terra che questo riceve.


Après avoir recouvré mon esprit égaré de tristesse par la pitié envers ces deux amantes
éplorées, nos pas nous menèrent en direction de l'est par la route qui longe le pays
de Gog, passant par les lieux-dits Piropolis, Arnold et Stanhope.

Nous abordons les rives d'un lac bordé d'ombres sinistres, aux eaux profondes
et mystérieuses, il serpente du pays de Gog jusqu'à Magog.

En pénétrant dans ce gouffre, j'aperçois tout autour de moi, où que je me meuve,
me tourne ou regarde, de nouveaux tourments et de nouveaux tourmentés.

Insensibles aux prières de St-Benoît, nous abordons le troisième cercle de l'Enfer,
celui de la boisson maudite, froide et éternelle, qui ne change jamais ni sa qualité ni sa violence:

de l'eau noirâtre mêlée aux vases visqueuses, venues des hauteurs de Tomifobia.
C'est le domaine de Memphré, bête cruelle et monstrueuse,
qui aboie comme un chien, contre les âmes qui sont submergées là.

Ses yeux sont vermeils, sa barbe est noire et grasse, son ventre large et ses mains
armées de griffes; il égratigne les esprits, les écorche et les dépèce.

La pluie les fait hurler avec les chiens; de l'un de leurs flancs, ils font comme
un bouclier à l'autre flanc; ils se tournent souvent, les malheureux impies.

Quand Memphré, tel un ver immonde, nous aperçut, il ouvrit sa gueule et nous montra ses crocs;
il enroulait son corps en des volutes multiples qui voguaient au-dessus des flots.

Mon guide étendit les paumes de ses mains, prit de la terre et la jeta à pleines poignées
dans ce gosier avide. Tel est ce chien qui aboie et qui rugit et puis se calme
dès qu'il croit mordre sa pâture, car il ne s'applique et ne s'acharne et n'a d'autres moyens
que d'aboyer pour faire peur; telle était la gueule du démon Memphré
qui chiale sans cesse et étourdit si fort les âmes,
qu'elles voudraient être sourdes et ne plus entendre.

Nous passions près des ombres que terrasse la lourde pluie, et nous posions les pieds
sur ces formes vénales qui semblaient être de vrais corps.

Elles gisaient sur le sol boueux, excepté l'une d'elles qui se leva pour s'asseoir;
aussitôt qu'elle nous vit passer, elle dit: "Oh toi, qui es conduit par cet enfer,
si tu peux me reconnaître, dis-moi si tu es né avant que je ne meure?

La honte qui dépeint ton visage est peut-être ce qui t'empêche de me reconnaître,
en sorte qu'il me semble ne t'avoir jamais vu. Mais dis-moi qui tu es, toi qui es livré
à ce lieu si triste et si douloureux et à un supplice tel que,
s'il en est de plus grand, il n'en est point de plus répugnant."

Il me répondit ainsi:
"J'étais au service de la cité, travailleur syndiqué; ta ville, qui est si pleine d'injustice
que ce lac en déborde, fut ma demeure dans la vie sereine. Vous, mes concitoyens,
m'appeliez maudit col-bleu pour le damnable péché de cupidité.
Comme tu le vois, je m'assourdis sous les cris de la bête, car c'est par nos cris
et nos fanfares que nous avons péché. Et mon âme ici n'est pas la seule dans la douleur;
car toutes ces autres âmes que tu vois, subissent la même peine pour la même faute."
Et il n'ajouta plus rien.

"Col-bleu, ta souffrance me touche à tel point qu'elle m'invite à m'en réjouir enfin;
mais dis-moi, si tu le sais, où en viendront les membres de ton syndicat en proie
aux exactions envers le citoyen et s'il s'y trouve un Chef ou un Prince
ou une Loi pour leur faire entendre raison; et dis-moi pourquoi tant de cupidité l'a assailli?"

Il me répondit aussitôt:
"Après une longue lutte, des grèves et des sabotages, nous établîment la loi du
Front Commun, aidés des syndiqués venus de partout et notre dogme chassa celui
de la justice en lui infligeant de rudes revers. Longtemps il tint le pouvoir, opprimant
celui qui ne croyait pas en nous, quelles que soient ses souffrances et ses plaintes.
Nous faisions fi de l'enseignement du juste, nous ne respections aucune loi autre que celles
qui nous avantageaient; ainsi, nous trafiquions le Code du Travail en faisant chanter
le Législateur au nom de nos seuls sacro-saints principes: le chantage, la cupidité,
la démagogie, les trois étincelles qui enflammaient nos coeurs; ainsi nous avons vaincu."

Ici, il mit fin à ses funestes paroles et je lui dis:
"Je veux que tu me parles encore de ces Princes qui auraient dû vous juguler et qui
ne l'ont fait, ou qui auraient dû modifier les lois et qui ne l'ont fait, ou qui auraient dû
prendre parti pour le peuple et qui ne l'on fait, où sont-ils donc si tu le sais?"

Et il répondit:
"Ils sont parmi les âmes les plus noires; ces péchés contre le droit et la justice
les plongent au plus profond de l'enfer; si tu descends assez, tu pourras les voir
en compagnie de nos chefs avec lesquels ils forniquent encore."

Ainsi nous passâmes à travers l'ignoble mélange des ombres et de la pluie,
à pas lents, parlant un peu de la vie future.
Mais nous fûmes subitement arrêtés par un vaste incendie qui dévorait l'Enfer,
si intense que nous n'osions nous rapprocher; et nous restâmes là à regarder impuissants,
toutes ces âmes affolées qui tentaient d'échapper aux flammes;
mais elles étaient repoussées inlassablement par des diables casqués, gantés et masqués,
revêtus de longues vareuses et des bottes de couleur jaune, ils les menaçaient
de leurs lourdes haches ou les aspergeaient de leurs lances qui crachaient le feu.

J'étais triste et impuissant devant ce spectacle et je ne pouvais que revoir l'Enfer,
tel que nous le décrivaient les frères des écoles chrétiennes
pour nous garder dans la peur et nous tenir hors du péché des sens.

Mon maître comprit mon désarroi, c'est pourquoi il me dit:
"Pense que c'est un quartier de ta ville qui brûle, que ces suppliciés sont les habitants
les plus démunis de ta ville, que les diables qui alimentent leur supplice sont des pompiers
et qu'ils laissent ainsi brûler ta ville et tes concitoyens pour te faire chanter, faire plier
ton gouvernement et obtenir ainsi la plus satisfaisante des Conventions collectives."

Après avoir quitté cet endroit, je dis:
"Baudelaire, tous ces tourments, après le grand jugement,
diminueront-ils ou seront-ils aussi pénibles,
et seront-ils uniquement destinés aux citoyens impuissants
ou aux organisations qui usent ainsi de l'arme du chantage?"

Et Baudelaire semblait décontenancé, il me parla comme si seul, l'amour éternel
pouvait vaincre tous mes doutes:
"Rappelle-toi de ce que l'on t'a appris: Ton âme séparée de ton corps est imparfaite,
comme ton corps qui souffre de l'absence de Jeanne et tu ne peux espérer atteindre
au bonheur parfait qu'en entretenant l'espoir d'unir à nouveau ton corps à
l'âme de Jeanne, ainsi que ces âmes maudites qui attendent le Jugement Dernier."

Nous fîmes le tour de cette mer, en parlant plus que mes propos le laissent supposer;
nous arrivâmes là où elle n'ose plus boire, nous y trouvâmes Pluton, le grand ennemi,
qui enleva Proserpine et la déflora.
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Chant V de l'Enfer



Le repère de Minos, le buncer de l'Enfer.
Le cercle de Caïn est là, qui nous attend.


Così discesi del cerchio primaio
giù nel secondo, che men loco cinghia,
e tanto più dolor, che punge a guaio.
Stavvi Minòs orribilmente, e ringhia:
essamina le colpe ne l'intrata;
giudica e manda secondo ch'avvinghia.
Dico che quando l'anima mal nata
li vien dinanzi, tutta si confessa;
e quel conoscitor de le peccata
vede qual loco d'inferno è da essa;
cignesi con la coda tante volte
quantunque gradi vuol che giù sia messa.



Du premier cercle, je descendis plus bas dans un second cercle plus étroit
et de ce fait, il était tourmenté à faire hurler de douleur.
Là se tient Minos, monstre horrible qui gouverne au sommet du Cap Tourmente,
grinçant des dents et sévère; il scrute les fautes à l'entrée,
il juge et il distribue les places de chacun.
Lorsque comparaît devant lui l'âme maudite, elle se confesse
et cet inquisiteur des péchés lui assigne l'endroit de l'Enfer qui lui convient.
Dès qu'il me vit il me dit:
"Ô toi, qui viens à la contrée de douleur, sais-tu où tu entres et à qui te fier?
Ne crois pas pouvoir en sortir malgré la largeur de l'entrée."
Et mon guide lui répondit:
"Pourquoi crier ainsi?
Tu n'as pas à t'opposer à son voyage fatal; il est voulu ainsi et n'en demande pas plus."
Je suis déjà là où l'on pleure; j'entends déjà les cris de douleur, les gémissements et les pleurs.
Je m'approche du lieu sans lumière qui mugit comme fait la mer, où règne la tempête et où
la souffrance semble éternelle. L'ouragan infernal, qui n'a jamais de repos, entraîne les esprits
dans sa tourmente: il les roule, il les heurte, il les moleste.
Quand ils arrivent devant les Éboulements,
ils font entendre des cris, des pleurs, des lamentations et ils blasphèment la puissance divine.
Et j'ai compris qu'à un tel tourment, étaient condamnés ceux
que subordonne le désir charnel plutôt que la raison.
Ainsi fait cette rafale des esprits pervers; elle les mène de partout, sans aucun repos
ni peine amoindrie. Et comme les oies qui migrent et forment dans l'air un triangle,
ainsi je vis venir, poussant des gémissements, des ombres entraînées par la tourmente.
C'est pourquoi je dis:
"Maître, qu'elles sont donc ces âmes que l'Enfer d'Hilarion châtie de la sorte?"
"La première de celles que tu veux connaître fut la Mère d'un peuple
aux moeurs décadentes. Elle fut si prompte à ces vices que, pour éviter
qu'on l'en blâme, elle promulgua des lois favorisant la license des moeurs.
C'est Féminis, maîtresse de Sémiramis, qui instituât la vaginocratie à Babylone;
vois Erinys qui, dans sa fureur amoureuse,
tua Aphrodite qui lui préférait l'amour d'un mâle.
Et la mystérieuse Lilith qui partagea l'amour de Dieu,
sous la forme d'un vibrateur vaginal. Puis vint Calypso, la luxurieuse,
qui ne sut à quel mignon se pendre.

Voici Salomé dont la danse t'excite à ce point et qui trancha la tête de Baptiste,
qui par sept fois préféra se donner à des étrangères.
Et vois Mirrha qui perfidement partagea la couche de son père.
Vois aussi Khali et Durka, ces déesses mangeuses de semences et de vie,
sans oublier l'ogresse que les édiles municipaux surnomment, "Assiette Fiscale",
elle n'a de don que celui de dévorer la Nature et la Tradition.
Voudrais-tu en connaître d'autres et peut-être, parmi elles, des fillettes amoureuses
que tu as séduites et qui se seraient tuées d'amour pour toi?"
Et du doigt il me montra, en les nommant, plus de mille ombres
que l'amour fit partir de ma vie de débauché.
Après que je l'eus entendu nommer ces dames d'un temps antérieur, la pitié me saisit
et j'en restai égaré; ma plainte affectueuse fut si forte, que deux ombres,
qui semblaient aussi légères que des colombes, transportées par le désir,
les ailes déployées et enlacées l'une dans l'autre, sortirent de la troupe
de Didon, vinrent vers nous à travers l'air mauvais et l'une des dames me dit:
"Ô être gracieux et bienveillant qui, par l'air d'un noir très sombre, va nous visitant, nous
dont la terre fut teinte de notre sang, si le Roi de l'univers nous aimait, nous le prierions
qu'il t'accorde le salut éternel puisque tu as pitié de notre mal pervers.
Tout ce qu'il te plaît d'entendre et de dire, nous l'entendrons et en parlerons
tandis que le vent, comme il sait le faire, s'adoucit.
La terre où je naquis est située sur la rive à Pont-Rouge
où descend le Grand Fleuve, cherchant la paix avec ses affluents.
Amour s'empara de nos beaux corps, d'une manière dont je reste blessée encore.
Amour me fit prendre de l'amante plaisir si fort, qu'il ne m'abandonne point encore.
Amour nous a conduit toutes deux à une même mort,
tout au fond du Cocyte le cercle de Caïn est là, qui nous attend."
"Tendres amantes, vos souffrances me font pleurer et je crois injuste que vous souffriez
d'avoir aimé ainsi. Mais dites-moi, du temps des doux soupirs, à quoi et comment
l'Amour vous permit-il de découvrir le désir de l'une envers l'autre?"
Elle me répondit:
"Il n'est pas de plus grande douleur que de se remémorer nos jours heureux.
Si tu as un tel désir de connaître l'origine de notre amour, je ferais bien
comme celle qui agit tout en te parlant, mais je vois que ton beau corps n'est pas
soumis encore à l'enfer et au genre de divertissement qu'il promet.
C'est en lisant le Geste de Lancelot que l'amour s'empara de moi,
j'étais seule et sans défense; au passage où l'amant fit ainsi,
elle dénuda mes chairs et me baisa corps et âme, mon époux nous surprit
l'une enfoncée dans l'autre et enlacées jusque dans la mort."
Pendant qu'elle parlait ainsi, l'autre pleurait et je tombai comme tombe un amant
qui meurt sans raison apparente.

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Wednesday, June 21, 2006

Chant IV de l'Enfer



Los habitantes inocentes de los Limbos.
Son fetos y no tuvieron tiempo de pecar.




Ruppemi l'alto sonno ne la testa
un greve truono, sì ch'io mi riscossi
come persona ch'è per forza desta;

e l'occhio riposato intorno mossi,
dritto levato, e fiso riguardai
per conoscer lo loco dov'io fossi.

Vero è che 'n su la proda mi trovai
de la valle d'abisso dolorosa
che 'ntrono accoglie d'infiniti guai.

Oscura e profonda era e nebulosa
tanto che, per ficcar lo viso a fondo,
io non vi discernea alcuna cosa.
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Tuesday, June 20, 2006

Chant III de l'Enfer


L'Achéron ou le vestibule des lâches.
Ceux qui ont abandonné le bien de la Conscience.




Per me si va ne la città dolente,
per me si va ne l'etterno dolore,
per me si va tra la perduta gente.

Giustizia mosse il mio alto fattore:
fecemi la divina podestate,
la somma sapienza e 'l primo amore.

Dinanzi a me non fuor cose create
se non etterne, e io etterno duro.
Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate".

Queste parole di colore oscuro
vid'io scritte al sommo d'una porta;
per ch'io: «Maestro, il senso lor m'è duro».

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PAR MOI L'ON VA DANS LA CITÉ DOLENTE
PAR MOI L'ON VA DANS L'ÉTERNELLE DOULEUR,
PAR MOI L'ON VA PARMI LA GENT PERDUE.
JUSTICE INSPIRA ARTISAN
LA PUISSANCE DIVINE M'A FAITE
ET LA SAGESSE SUPRÊME ET LE PREMIER AMOUR.
AVANT MOI IL NE FUT RIEN CRÉÉ
SINON D'ÉTERNEL ET MOI JE DURE ÉTERNELLEMENT.
VOUS QUI ENTREZ, LAISSEZ TOUTE ESPÉRANCE.

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Monday, June 19, 2006

Chant II de l'Enfer


Les poètes, ces initiés qui peuplent l'Enfer.
Ô Muses, aidez-moi à pénétrer l'Enfer.



Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura
ché la diritta via era smarrita.

Ahi quanto a dir qual era è cosa dura
esta selva selvaggia e aspra e forte
che nel pensier rinova la paura!

Tant'è amara che poco è più morte;
ma per trattar del ben ch'i' vi trovai,
dirò de l'altre cose ch'i' v'ho scorte.

Io non so ben ridir com'i' v'intrai,
tant'era pien di sonno a quel punto
che la verace via abbandonai.

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Chant I de l'Enfer


Prologue général de la Comédie Humaine.
La rencontre avec Baudelaire




Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura
ché la diritta via era smarrita.

Ahi quanto a dir qual era è cosa dura
esta selva selvaggia e aspra e forte
che nel pensier rinova la paura!

Tant'è amara che poco è più morte;
ma per trattar del ben ch'i' vi trovai,
dirò de l'altre cose ch'i' v'ho scorte.

Io non so ben ridir com'i' v'intrai,
tant'era pien di sonno a quel punto
che la verace via abbandonai.

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A mi-chemin de ma vie, je me trouvai dans un lieu pervers, j'avais perdu le droit chemin.

C'était une Contrée sauvage, âpre et rude, j'en ai encore des frissons,
aussi amers que la mort elle-même.

Je ne saurais dire comment j'y étais entré, poussé par mes appétits,
avant d'y perdre le droit chemin. Quand j'arrivai devant une gorge sans fond
au bout de cette Contrée qui m'avait tant effrayée, je baissai les yeux
et j'imaginai les joies qui pouvaient m'y attendre.

Aussi, ma frayeur s'apaisa et j'ai revu le chemin parcouru qui avait laissé mon esprit
ainsi perturbé et qui d'ailleurs, ne laisse personne indifférent.

Après m'être reposé je repris la route, c'était au petit matin, une louve
me barrait le chemin; elle était légère et agile, sa chair nue couverte de taches de rousseur.

Elle marchait tout contre moi, perverse, avec une faim charnelle,
elle était comme une femelle en chaleur, elle avait dû rendre bien des mâles misérables.

J'étais terrifié, je demandai pitié à une ombre qui passait là, par hasard:
"Aie pitié de moi, qui que tu sois, ombre ou homme de plein droit!"

L'ombre me répondit:
"Ne crains point, je fus poète et je chantai la bête,
celle, la même qui hante tes esprits. Et toi, pourquoi tant d'angoisse,
ne devrais-tu pas franchir cette gorge, droit devant, qui mène à la Béatitude?"

"Tu es donc Baudelaire,
aussi éloquent dans tes paroles que dans tes vers,"
lui répondis-je plein de surprise.
"je t'ai lu, je t'ai relu et tant chanté avec la voix de Léo Ferré.
Mon style me vient de toi, du moins c'est ce que je crois.
Vois-tu cette louve qui arrête mes pas et me fait hésiter entre elle et toutes celles,
ces autres bêtes invisibles qui dévorent mon âme?
Défends-moi contre elle, qui fait trembler mes artères et qui gonfle mon appareil.
Montre-moi comment vaincre les bêtes qui me tourmentent
et que tu as si bien su comprendre."

Et il me conseilla ainsi:
"Tu dois changer ton destin, car cette bête qui te fait peur ne laisse aucun être indifférent.
Elle crée tant de passion qu'elle tue chez l'homme la raison.
Sa nature est si perverse et cruelle que jamais elle n'assouvit ses passions,
et, après avoir comblé tous ses désirs, elle a autant d'appétit qu'avant."

Et il ajouta:
"Nombreux sont les mortels avec qui elle s'accouple,
ainsi que les autres comme elle;
ils seront de plus en plus nombreux, jusqu'au jour où viendra le Mâle immortel
qui les feront périr dans les tourments de la Géhenne,
et c'est bien de là, crois moi, qu'elles proviennent.

Pour toi, le mieux serait que tu me suives,
je serai ton guide hors de cette vie et te conduirai
jusqu'aux rivages éternels, où tu entendras les clameurs des pucelles,
les cris des demoiselles, le chant des dames très belles
qui proclament le plaisir éternel."

Et il ajouta après un long silence:
"Et puis, tu verras ceux que le feu rend heureux par l'espoir de rejoindre les pucelles,
les dames trop belles et toutes ces autres demoiselles
qui font jouir à jamais les âmes heureuses, d'un feu éternel.

Si tu veux monter jusqu'à elles, je te recommande une Gazelle
plus digne que moi de t'y conduire, c'est une âme très belle.
Car je ne peux entrer dans ce Lieu ayant été rebelle
à son Maître, autant qu'à l'Autre qui règne hors des Cieux."

Et je luis dis:
"Poète, au nom de Satan que tu connais si bien et pour me libérer
des pulsions qui me harcellent, je te prie de me conduire dans ce lieu
que tu décris si bien,et que je rejoigne celles qui le hantent."

Alors, il se mit en marche,et je suivis ses pas.

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MARCO POLO OU LE VOYAGE IMAGINAIRE



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